petit plaisir solitaire

Ça y est, je craque! Je profite de l'absence de Laurent ce soir pour succomber à la tentation. Il est là, dans la pièce à côté, depuis deux jour à attendre mon bon plaisir. Alors j'ai ouvert le frigo, pris une petite cuillère et lui ai fait sa fête!
Lui, c'est le "yaourt gourmand parfum cassis de mamie nova". 150gr de pur bonheur, de madeleine de Proust, saveurs oubliées de la vie d'avant. Voici presque six mois que je n'en avais dégusté, et la vache! que c'est bon!
Claude et Claire, si vous lisez ces lignes, je pense à vous, et à nos yaourts partagés en salle des prof. C'était l'abondance, alors de parfums  (menthe chocolat, chocolat blanc, lychee, ananas-passion,...) qui résonnent encore dans mes papilles. Mais ici, c'est vache maigre. Les rares yaourts importés par avions ne sont pas ceux que j'aime. et puis c'est trop cher (10 euros les deux pots).
Et puis, là, au moment des fêtes: miracle!!! Ils sont là à m'attendre, rangés sagement les uns contre les autres; blottis pour se protéger du froid du rayonnage. Mais c'est trop tard, je les ai vu! tout un rayon (c'est à dire une quinzaine de pack), parfum cappuccino ou chocolat pour la plupart... et un pack cassis. Mon préféré!
Le cassis, j'adore. J'ai eu la chance, enfant d'en déguster directement sur pieds chez ma grand- mère: de bons gros cassis de bourgogne, sucrés et juteux. le cassis devient rare dans nos jardins et nos assiettes, alors ces yaourts là, vous comprenez, c'est un peu un substitut de mes cueillettes d'antan. Vite, je cours, je vole pour m'en saisir pour les toucher, humer l'emballage carton. Mais oui, ce sont des vrais et pas périmés, et en promo en plus! 5 euros 50 les deux yaourts!!!  vite, vite arriver à la maison avant qu'ils ne prennent un coup de chaud (Mahina est à  presque 25 km du carrefour).
Patience, encore, résister à la tentation. Cela se mange frais, après une heure de frigo...Le premier n'est plus qu'un souvenir. Et le second, le dernier avant bien longtemps, est là, devant moi, ce soir.
d'abord, lécher le couvercle métallique, quitte à se couper les lèvres. Racler aussi sous l'attache du couvercle avec la cuillère. J'ai opté pour un petit modèle Degrenne spécial tasse à café ou verrine, comme cela j'ai l'impression qu'il y en a plus dans le pot... et puis, on fait croquer chaque grain de cassis en bouche, on sirote le yaourt, on ne l'avale pas sans gourmandise. On devient un œnologue du laitage. Tonton Roger dit qu'il faut mâcher et retourner 7 fois une bouchée avant de l'avaler, je met son conseil à exécution. et puis, arrivée au terme, je récupère avec le doigt les derniers vestiges, à défaut de pouvoir y mettre la langue (elle ne va pas jusqu'au fond du pot). je respire une dernière fois l'odeur évanescente qui se dégage du pot vide avant de le jeter. Et voilà, c'est fini.
Alors, quand vous mangerez un "petit encas myrtille", un "mamie nova cassis", un caillé "petit basque" accompagné de confiture de cerise noire de Francis Miot ou de miel, un "fontainebleau à la crème d'Ysigny", ou un bonne faisselle, ayez une petite pensée pour moi!